Kees van de Wal

Au fond, que veulent dire les formes de Kees Van de Wal ? Rien de particulier, et tout à la fois. Indéterminées, sciemment hors sujet, elles vont ensemble, minimales et allègres, qu’elles soient grandes ou petites, carrées ou vagues, pleines ou vides. Car leurs contours ingénus ont l’honnêteté des gribouillages, des dessins sans dessein hasardés au jeune âge. En souvenir de ses esquisses d’enfant, Kees Van de Wal taille à l’instinct dans le brun de cartons d’emballage. Ces mille-feuilles de papier ont contenu quantité de choses et sont passés de mains en mains. Usés par leur vie antérieure, ils reprennent des couleurs discrètes, recyclées elles-aussi. Céladon, bubble-gum, menthe ou café crème, la gamme garde son calme, fidèle à ce point d’équilibre imposant le silence, comme le fait l’horizon. De lignes immobiles, il était déjà question dans ses “paysages tranquilles”, impressions d’atmosphères peintes sur toile. En changeant de support, Kees Van de Wal modifie son rapport à l’espace : couche après couche, la surface gagne en épaisseur, jusqu’à ce que le plan devienne volume, un objet en “2,5 dimensions” à regarder de biais. L’alkyde produit un effet similaire : proche du vinyle, de la laque, elle donne à une matière pauvre de nouvelles perspectives.

Virginie Huet

Juillet 2024

À la recherche de la forme ultime

Je suis à la recherche de la forme ultime, une forme qui ne représente rien mais qui dit tout. Dans mon langage visuel minimaliste, je crée des formes modestes mais puissantes, des formes qui prennent leur place dans l'espace. Mon travail se concentre sur la forme, la couleur et la matière, avec pour thème la tranquillité.

Mes premières peintures - vers 2008 - ont été inspirées par les vastes paysages vides du Vlieland. J'ai peint des paysages vides, des divisions horizontales dans lesquelles la paix et l'espace étaient le sujet. Lorsque j'ai dit adieu à l'horizon - vers 2014 - des suggestions de nuages et de végétation ont pris le devant de la scène, et se sont immédiatement tournées vers l’abstraction pour devenir des formes indépendantes, séparées de leur origine. Lorsque je ne me suis plus laissé limiter par les bords de la toile - vers 2016/2017 - j'ai créé les premiers objets muraux qui m'ont permis d'ajouter forme et matière à mon travail. J'ai utilisé du polystyrène extrudé (XPS) comme base et l'ai recouvert de couches de papier, de plâtre et/ou de peinture. En ce moment - depuis l'été 2022 - j'utilise le carton de vieilles boîtes d'emballage comme source d'inspiration et je crée des objets muraux de petite et grande taille. Pendant toutes ces années, la tranquillité et le minimalisme ont été à l'ordre du jour.

Je récupère des boîtes en carton auprès d'amis et de magasins locaux. Elles ont été utilisées, quelque chose y a été emballé, transporté, elles ont parcouru une certaine distance. Il y a des lignes de pliage, des entailles et des bords adhésifs. Il est abîmé. Le matériau me pousse à créer de nouvelles formes, des objets minimalistes et tranquilles. Je travaille notamment avec de la peinture acrylique et alkyde et du stick à l'huile.

Dans mon travail, j'essaie de créer mon propre monde, en recherchant l'équilibre mais aussi la tension, l'imperfection, pas de tape-à-l'œil mais du calme et de la discrétion. Cela donne à chaque objet son propre caractère, modeste et informel. C'est mon monde, c'est qui je suis.

Kees van de Wal

Juillet 2024