Chiharu Shiota est née le 20 mai 1972 à Kishiwada, au Japon. Elle a étudié à l'Université Seika de Kyoto puis en Australie et à Berlin de 1999 à 2003. Elle a été l'élève de Rebecca Horn à Berlin et de Marina Abramović en Allemagne. En 2000, elle a été confrontée à une grave maladie qui l’a amenée à réfléchir sur la fragilité de la vie et à approfondir ses explorations artistiques sur les thèmes de la mémoire, de la perte et de la présence.
L’ exposition "The Soul Trembles" en cours au Grand Palais nous invite à une expérience sensorielle assez unique, entre rêve et réalité. En franchissant les portes de l’espace d’exposition, on se laisse envelopper par une atmosphère mystérieuse, presque surréaliste (même si ce n’est pas dans le “beau” grand palais). L’air est chargé de fils, de toiles qui suspendent l’instant, nous plongeant dans un univers où le temps paraît suspendu. Cette rétrospective exceptionnelle suit le fil rouge de sa carrière, mettant en lumière son parcours, de ses vidéos à ses installations monumentales réalisées à partir de fils de laine ou de coton. Le public est invité à explorer des œuvres qui interrogent la matérialité, la perception psychique de l'espace, le mouvement et le rêve.
Les œuvres de Shiota, faites de milliers de fils de laine et d’objets du quotidien, s’élèvent autour de nous comme des labyrinthes de mémoire. C’est une danse des matériaux : des fils tendus, noués, reliés entre eux, tissent un réseau invisible qui unit les choses et les êtres. Les installations, à la fois fragiles et puissantes, font écho à des émotions profondes et à des expériences personnelles qui ont une lecture universelle. Chaque fil semble porteur de mémoire, d’une histoire ou d’un désir suspendu dans l’air.
Par exemple, l’installation avec les valises de Chiharu Shiota, intitulée "Accumulation - Searching for the Destination" (2016), est une œuvre poignante qui évoque le thème du voyage, de l'exil et de la mémoire. Elle se compose de centaines de valises suspendues et entremêlées dans un réseau de fils rouges. Ces valises, reliées les unes aux autres, symbolisent les bagages émotionnels et matériels que chaque individu porte avec lui, notamment dans le contexte de déplacements forcés, de migrations ou de la quête d’un ailleurs.