L'artiste allemand Eberhard Ross s'inscrit dans la tradition de la peinture de champs colorés, telle que pratiquée par Mark Rothko et Helen Frankenthaler, empruntant au minimalisme d'Agnes Martin et poursuivant une forme de peinture entre le figuratif et le pur. Ses œuvres semblent rayonner de l'intérieur, dégageant un caractère presque sacré et faisant allusion à un niveau spirituel à travers leurs titres. Elles semblent stocker et libérer de l'énergie, brillent comme des couchers de soleil dramatiques et ont le pouvoir de transformer un espace par leur présence saisissante.
Eberhard Ross imprègne bon nombre de ses œuvres d’un halo coloré en peignant les bords du tableau, inclinés vers le mur, d’une couleur intense comme l’orange. Un effet intéressant qui était déjà utilisé dans les peintures de sa série fermata.
En italien, fermata signifie « arrêt », et ainsi, les peintures fermata sont conçues pour inciter le spectateur à faire une pause et à réfléchir.
En décrivant la série fermata, Eberhard Ross fait également référence à un phénomène musical. Les compositeurs utilisent la fermata pour demander aux interprètes de prolonger la durée d'une note au-delà de sa valeur habituelle. Il s'agit donc de prendre son temps et de se laisser porter par l'aventure artistique.
En observant de plus près, le rythme du tableau devient aussi perceptible : par de fines touches de pinceau ou des incisions calligraphiques dans la couche supérieure de peinture, Eberhard Ross insuffle une vibration chatoyante à l’image à travers un dense réseau de lignes, révélant ainsi les couches inférieures de peinture. Si l’on suit ces tracés du regard, ce rythme se met soudain en mouvement, inhérent à ces images monochromes qui, à première vue, semblent statiques. L’artiste cherche à capturer le son des couleurs dans sa peinture, nous invitant à cette exploration sensorielle.
Sophie Cieslar, historienne de l'art