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La texture du temps

Claire de Chavagnac Brugnon

Mars 2016

Voici, me dit Claire de Chavagnac Brugnon, en me montrant son carnet : une promenade que j'ai faite à Amsterdam. La première chose qu'on voit sur la page, c'est une série de taches, chacune aussi petite que l'empreinte d'un chat. Non, ce qu'on voit, c'est un rythme de couleurs, partant de la gauche vers la droite et du haut vers le bas. Ce qu'on voit, on l'entend - presque. 

Dans le balancement entre l'œil et l'oreille on est pris, comme nous prend un morceau de musique à la radio en voiture ; on arrive à destination sans éteindre le moteur ; même à l'arrêt, le mouvement reste irrésistible. En l'occurrence, celui d'un trajet à Amsterdam, où un jour l'artiste s'est promenée. Ces tons rappellent des pavés luisants, des reflets fluides des vitres sur les canaux, des lames du ciel coupant les profondeurs glauques de l'eau. Ce qui importe, pourtant, ce n'est pas l'origine mais le jeu des couleurs, le rythme des signes, leur ricochet sur le regard et l'ouïe du présent. Chaque empreinte est tour à tour la traduction du souvenir en lumière, de la lumière en pigment, du pigment en écriture musicale.


Extrait du texte de l'écrivain Denis Hirson dans "Claire de Chavagnac-Brugnon, LA TEXTURE DU TEMPS" aux éditions Lelivredart, 2014.